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INSPIRER & AGIR – DES HISTOIRES QUI DONNENT ESPOIR

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Corinne Minerve

Corinne Minerve has 12 articles published.

Inde : Un ingénieur transforme un paysage désertique en oasis

dans Développement durable par
Photos: Rolex Awards

Les températures mondiales inordinairement élevées font que les glaciers de l’Himalaya paient un plus lourd tribut qu’ailleurs selon des chercheurs. Récemment, le cycle d’eau de fonte provenant de glaciers formés en hiver qui desservaient les agriculteurs au printemps, a flanché. Sonam Wangchuk est alors entré en scène pour reprendre le rôle que la nature ne peut plus exécuter, redonnant ainsi vie et espoir à toute une communauté.

Le décor époustouflant de cette région située dans l’État indien du Jammu-et-Cachemire a un travers. Le Ladakh sis à 3 500 mètres d’altitude est en proie à une crise de l’eau qui menace ses agriculteurs et sa population dans son ensemble. Recevant en moyenne seulement 50 mm de pluie chaque année, les habitants ont toujours compté sur les glaciers fondus pour vivre.

A chaque hiver, de gigantesques blocs de glace se formaient à haute altitude et se liquéfiaient tout au long du printemps, descendant vers les ruisseaux pour nourrir les terres desséchées. Mais la hausse des températures a fait que les glaciers fondent plus rapidement, ne durant pas jusqu’au début de la saison agricole.

Pire, l’abondante chute de neige pendant l’hiver rend l’endroit inaccessible pendant presque six mois de l’année. De plus, le taux élevé d’évaporation causé par le fort ensoleillement fait qu’il était inconcevable d’y mettre au point des méthodes d’irrigation traditionnelles. Il fallait donc trouver un dénouement sur place. La réponse est venue de Sonam Wangchuk, ingénieur ladakhi. Il détermina qu’il fallait créer des glaciers artificiels qui épancheraient graduellement les terres au moment où les planteurs en ont précisément besoin.

Sonam Wangchuk Rolex Awards
Photos : Rolex Awards

A vrai dire, l’idée ne vient pas entièrement de Wangchuk. Au 13e siècle, des habitants du Kush et du Karakoram ont pratiqué une technique proche – la greffe de glaciers. Puis, il y a plus d’une décennie, un autre ingénieur indien, Chewang Norphel, mettait au point un prototype plus avancé. Il avait en effet pu, en utilisant des tuyaux, détourner l’eau de fonte de glaciers dans des lacs artificiels sur les flancs ombragés de la montagne. L’eau qui gelait la nuit, créait des glaciers qui grandissaient chaque jour à mesure que de nouvelles eaux coulaient dans le bassin. L’homme des neiges du Ladakh, comme on le surnomma alors, put ainsi créer 11 réservoirs fournissant de l’eau à 10 000 personnes.

Mais le problème était que le modèle de Norphel ne pouvait être répliqué à des altitudes plus basses, où vivent précisément les gens. Il était donc impératif d’adapter le concept.

Wangchuk put enfin crier « eurêka » lorsqu’il traversait un pont dans la partie indienne de l’Himalaya. Il vit un morceau de glace toujours accroché sous le pont bien que les fragments autour avaient fondu depuis longtemps. Il comprit alors que ce n’était pas la chaleur du soleil qui fondait la glace sur le sol mais plutôt la lumière directe du soleil. « La glace devait se trouver dans un lieu couvert, comme sous un pont, mais ce n’était pas envisageable à grande échelle. Nous avons donc pensé à cette forme conique où la glace ferait de l’ombre à elle-même, » a expliqué le scientifique. Cette structure a l’avantage de minimiser la surface exposée aux rayons directs du soleil tout en optimisant le volume de glace qui peut être cultivée.

L’ingénieur explique humblement que sa création n’est pas compliquée : Il faut seulement des canalisations sous le niveau du gel, où l’eau oscille entre l’état solide et liquide. Ensuite, les conduites qui sont tournées vers le ciel pulvérisent l’eau dans l’air de -20 ° C. Ce froid glacial permet de geler l’eau  quand la gravité la fait retomber au sol. En ce faisant, l’eau passe par des tuyaux qui la canalise. Et c’est ainsi que sont formés les fameux monticules de glace où l’eau est stockée.

Sonam Wangchuk compte créer jusqu’à 80 stupas de 30 mètres de hauteur pouvant conserver 10 millions de litres d’eau chacun pour irriguer le désert voisin.

Il y a quatre ans, Wangchuk dévoilait son premier stupa de glace – un glacier artificiel de la forme d’une énorme pyramide, pour lequel il a reçu en décembre dernier un prestigieux prix d’innovation de € 91 000 (£ 80 000) – le Prix Rolex. Ce prototype de six mètres de haut, installé en 2015, a fourni 1,5 million de litres d’eau aux 5 000 jeunes arbres plantés par les villageois. Avec l’installation d’une canalisation longue de 2,3 km financée par une campagne participative, les zones auparavant incultivables ont pu être restaurées. Elles ont été irriguées jusqu’au delà du printemps, soit jusqu’à juillet, grâce aux stupas qui libéraient jusqu’à 5 000 litres d’eau par jour.

Sonam Wangchuk compte utiliser la somme remportée pour créer jusqu’à 80 stupas de 30 mètres de hauteur pouvant conserver 10 millions de litres d’eau chacun pour irriguer le désert voisin. Une fois le système d’irrigation mis en place, il lancera alors parallèlement un projet de plantation d’arbres dans le désert. De plus, il planche sur une idée d’université qui mettrait à contribution les jeunes montagnards de l’Himalaya et d’ailleurs pour développer des solutions écologiques pour leur région.

La Chine se pose en superpuissance verte après son parc solaire flottant

dans Energie renouvelable par
Image: Business Insider

Après avoir longtemps arboré l’étendard du mauvais élève sur la question climatique, Pékin devient un titan en matière d’énergie propre. Avec Donald Trump qui a annoncé le retrait des Etats-Unis de l’accord historique de Paris sur le climat, la Chine se positionne plus que jamais comme leader mondial dans ce domaine.

Le scénario est inédit et à peine croyable, mais le plus grand pollueur du monde mène pourtant une véritable révolution écologique. Depuis le 23 mai, la Chine qui est d’ores et déjà le premier investisseur au monde dans l’énergie propre, a mis en service la plus grande installation photovoltaïque flottante de la planète. Cette structure qui se situe près de la ville de Huainan, dans la province d’Anhui est dotée d’une puissance de 40 MW, et devrait générer en moyenne 23 GWh d’électricité par an, assez pour alimenter 15,000 maisons quotidiennement.

Ce parc flottant est d’autant plus estimé vu qu’il diminue l’utilisation des terres et n’encombre donc pas les zones peuplées. De plus, il fournirait un meilleur rendement que les parcs terrestres grâce à la surface froide de l’eau. Qui plus est, ce genre d’exploitations diminue l’évaporation de l’eau selon son fabricant, la compagnie Sungrow Power Supply. L’investissement total du projet se chiffre à 27,2 millions d’euros incluant les panneaux photovoltaïques bleus fournis par Xinyi Solar.

Déjà, en février dernier, la Chine avait inauguré la plus grande centrale solaire du monde près du barrage de Longyangxia dans la province de Qinghai. Dotée de 4 millions de panneaux solaires, la centrale est d’une superficie proche de celle du Macao avec ses 27 kilomètres carrés. Elle a une capacité de production titanesque de 850 MW, suffisante pour alimenter jusqu’à 250 000 foyers par jour. Après ce premier record s’ajoute donc une deuxième prouesse au palmarès de la Chine grâce au parc d’Huainan.

Comble de l’ironie, ce dernier se tient sur une ancienne mine de charbon devenue inexploitable puisqu’inondée. Ce parc solaire redonne donc vie à cette zone autrefois carbonifère – une image symbolique de la démarche chinoise dans son ensemble.

D’ici 2030, la Chine s’est engagée à baisser sa quantité d’énergie provenant des combustibles fossiles par un étourdissant 80% du total actuel.

Cependant, la Chine reste le plus grand émetteur du monde de carbone à cause de sa dépendance au charbon. Mais plus pour longtemps si l’on en croit ses ambitions. D’ici 2020, le pays de Xi Jinping a promis de consacrer plus de 320 milliards d’euros (environ 360 milliards de dollars) à des sources d’énergie renouvelables. Ce qui se traduirait par la production de 210 GW d’énergie éolienne et 110 GW d’énergie solaire dans le cadre d’un dessein audacieux destiné à réduire sa pollution et ses émissions de carbone. 13 millions d’emplois seront créés dans le processus. Et d’ici 2030, la Chine s’est engagée à baisser sa quantité d’énergie provenant des combustibles fossiles par un étourdissant 80% du total actuel.

Image: Sungrow
Image: Sungrow

Cet engouement de la Chine pour l’énergie propre est principalement dû à deux raisons. La première : la chute dans les coûts de l’énergie photovoltaïque depuis 2016. Cette source devenait alors moins chère que les combustibles fossiles – tels que le charbon, dans plus de trente pays. Cette tendance devrait s’accentuer dans les années à venir selon le Forum économique mondial. Ainsi, l’installation et l’exploitation des technologies vertes peuvent aujourd’hui se faire à faible coût et rapidement. Deuxièmement, la Chine a été marquée par des épisodes répétés d’une dense brume toxique appelée smog qui avaient attisé une vive colère publique. S’ensuivit le port inéluctable de masques anti-pollution et des records de hausses des températures. Pékin comprit alors qu’il devait prendre des mesures urgentes pour apaiser sa population.

Du coup, les initiatives écologiques sont en plein boom dans l’Empire du Milieu. Sungrow vient d’annoncer que des travaux étaient en cours dans la même région pour la construction d’une nouvelle centrale flottante d’une capacité de 150 MW. Quant a Xie Xiaoping, président de Huanghe Hydropower Development, l’entreprise publique derrière le parc photovoltaïque de Longyangxia, il a déclaré que les autorités de Qinghai étaient si convaincues que l’avenir de la Chine était vert qu’ils planifiaient sous peu deux nouveaux parcs solaires ayant une capacité réunie de 4GW sur le plateau tibétain. Ces projets les uns plus colossaux que les autres, conforteraient la Chine comme une figure de proue – jusqu’à récemment inconcevable, dans la lutte contre le changement climatique.

Inde : Des élèves recyclent des bidons d’eau en urinoirs pour leur école

dans Citoyen Responsable par
Crédit photos: The Better India

Par manque d’installations appropriées, les élèves d’une école publique du Tamil Nadu étaient condamnés à se soulager à même les murs. Ainsi humectés, ces derniers dégageaient une odeur fétide jusque dans les salles de classe indisposant les élèves. Cinq d’entre eux décidèrent alors d’y remédier.

A la Panchayat Union Middle School à Kurumbapatty dans le Tamil Nadu, le nombre d’élèves malades ou absents étaient chose commune. Il ne prit pas longtemps à Supikpandian, Santhosh, Dhiyanithi, Ragul et Prabaharan, cinq élèves de 13 ans de s’appesantir sur le sujet et d’en déceler la cause. Ils se rendirent vite compte que cette puanteur avait pour source les toilettes scolaires.

En fait, ces dites toilettes n’en portaient que le nom. Elles ne comptaient en réalité, aucun équipement sanitaire et les garçons devaient se soulager directement sur les murs ou le sol. En ce faisant, le liquide se répandait sur leurs sandales et sur leurs pieds. L’odeur les poursuivait jusque dans leurs salles de classe, provoquant chez eux – outre l’outrage à leurs sens, nausée, et maux d’estomac. Ajoutez à cela la question du manque d’eau dans les toilettes, ce qui signifiait qu’il n’y avait pas moyen de nettoyer les toilettes après utilisation, ni les mains et les pieds – à moins de parcourir une longue distance, ce qui entraîna infection et fièvre chez de nombreux enfants.

Peu de temps avant cet intervalle, les cinq amis s’étaient inscrits à un concours organisé par une organisation à but non lucratif, Design for Change I Can School Challenge – édition 2016. Ils avaient pile un mois pour faire un remue-méninge et proposer une idée qu’ils pourraient exécuter. L’idée était toute trouvée : une solution pour les toilettes de l’école. Ils eurent l’idée de concevoir des urinoirs artisanaux – les vrais étant hors de leur portée à cause de leur prix.

Ils ont approché un vendeur, à 10 km de leur école, qui en écoutant leur idée, leur a gratuitement livré 20 bouteilles en plastique abimées – qui autrement auraient pu finir à la décharge.

Dotés d’un esprit fertile, ils avaient observé une ressemblance frappante entre un urinoir et un bidon en plastique de 20 litres à l’envers. Pour s’en procurer, ils ont approché un vendeur, à 10 km de leur école, qui en écoutant leur idée, leur a gratuitement livré 20 bouteilles en plastique abimées – qui autrement auraient pu finir à la décharge.

Ils s’attelèrent alors à découper le bidon longitudinalement avec des ciseaux et des scies pour former les urinoirs. Une fois ceux-ci construits, ils l’ont peints en blanc. À l’aide de fonds recueillis auprès des étudiants et des enseignants, d’autres pièces nécessaires ont été achetées en vue de l’installation d’un système de drainage qui serait connecté au col de la bouteille pour l’élimination aisée des eaux usées.

Ensuite, les élèves ont eux-mêmes nettoyé les toilettes, ont repeint les murs au vert vif, ont cloué les urinoirs aux murs, ont connecté les canalisations et ont installé une ligne de tuyaux d’irrigation par goutte à goutte au-dessus des urinoirs pour faire office de chasse d’eau. Cette invention fort utile, ils l’appelèrent leur «Système de Pipi en Mode Sûr » ou «Safe Mode Pissing System» en anglais. Les étudiants n’ont pas négligé les détails prenant soin d’installer les urinoirs à des hauteurs variables, de sorte que les élèves de différentes tailles n’aient aucun problème d’accès. Aujourd’hui, il n’y a plus d’urine stagnante ni d’odeur, et les élèves utilisent ce lieu d’aisance sans crainte et ont repris gout à la vie scolaire.

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Leur réalisation a, à juste titre reçu le «Prix de l’idée la plus audacieuse» sur 3 600 participations au Design for Change. Chacun des adolescents a reçu une médaille, et un prix en espèces de Rs 50 000 (environ 688 euros) est revenu à l’équipe. Un autre atout majeur de ce système qui a séduit le jury, c’est son faible coût, soit Rs 600 indiennes (environ 8,20 euros). Les garçons voulaient en effet réaliser un projet qui serait abordable pour leurs amis et leur famille. Ils ne voulaient pas que quelqu’un aie besoin de réfléchir à deux fois avant d’acheter les urinoirs en raison de son coût, a expliqué leur enseignant de sciences et mentor.

De plus, il est léger et durable, et est facilement réalisable malgré des infrastructures médiocres. Ainsi, leur ingénieuse trouvaille a aussi rendu service à l’école voisine aux prises avec des problèmes quasi-similaires. Grâce à des tutoriels, ces derniers ont appris à utiliser ces nouveaux urinoirs et ont fait don de leurs vespasiennes d’origine à une autre école.

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Fort de ce succès, les jeunes étudiants réfléchissent à des solutions aux autres maux qui affligent leur établissement. De plus, ils visitent maintenant différentes écoles et expliquent les problèmes qui accompagnent des toilettes insalubres. «Nous pouvons mettre en œuvre ce projet non seulement dans les écoles, mais aussi dans les maisons et les lieux publics. Ainsi, nous pourrons prévenir les infections et les odeurs nauséabondes. Cela réduira le nombre de personnes malades dans la communauté, et nous pourrons rendre le pays propre et hygiénique», ont-ils confié enthousiastes à The Better India.

Quand la feuille d’ananas devient cuir, les agriculteurs se frottent les mains

dans Développement durable par
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Image: Ananas Anam

Son fruit est fort appétissant, mais on ne pouvait en dire autant de la feuille. Couverte d’épines, on s’en débarrassait volontiers après la récolte. Mais les feuilles d’ananas se découvrent plusieurs vertus grâce à une entrepreneure : son piñatex s’est révélé une alternative écoresponsable au cuir animal.

16 plants d’ananas, soit quelque 480 feuilles suffisent à produire un mètre carré de piñatex. Cette alternative naturelle au cuir est fabriquée à partir de fibres de cellulose extraites des feuilles de l’ananas. Un substrat non tissé en résulte. Ensuite, la fibre est pelée et lavée, et finalement suspendue pour sécher. En découle également une biomasse qui peut être utilisée comme engrais organique dans leurs champs ou ailleurs. Fabriqué aux Philippines, il est ensuite envoyé en Espagne pour être traité.

L’industrie de l’ananas produit annuellement 40 000 tonnes de déchets globalement – uniquement pour ce qui est des feuilles. Ces dernières sont généralement brûlées ou laissés à pourrir dans les champs. Grâce à cette nouvelle activité, les agriculteurs d’ananas profitent dorénavant de la chance d’exploiter pleinement leurs cultures et d’obtenir une source de revenus supplémentaire. Ces derniers ont été formés pour s’occuper eux-mêmes d’extraire et de séparer les fibres longues de la feuille d’ananas.

Ce nouveau matériau se targue aussi d’arguments écologiques de taille: il est dégradable, contrairement au cuir synthétique qui est à base de pétrole.

Le piñatex s’est révélé très versatile. En effet, il est possible d’imprimer dessus, de le teindre en plusieurs couleurs et le traiter pour donner différents types de texture, de finition ou d’épaisseur. Ce nouveau matériau se targue aussi d’arguments écologiques de taille: il est dégradable, contrairement au cuir synthétique qui est à base de pétrole. De plus, la production de piñatex ne nécessite pas de sols supplémentaires, d’eau, de pesticides ou d’engrais puisque ce sont des déchets qui sont mis à contribution. Aussi, cette méthode élimine le recours au formaldéhyde et des métaux lourds utilisés dans la production du cuir animal.

L’idée de développer une telle matière germe dans la tête de Carmen Hijosa, une designer espagnole dans les années 1990. À l’époque, elle travaille comme consultante dans l’industrie de la maroquinerie. Elle remarque alors combien le cuir qui y est fabriqué est non seulement de mauvaise qualité, mais aussi insoutenable pour l’environnement. Lors d’un voyage aux Philippines, elle aperçoit des Barong Tagalog – une sorte de tunique traditionnelle portée par les Philippins. Dans sa version la plus noble, ce vêtement est tissé de fibre de feuille d’ananas. Ce tissu a l’avantage d’être bien adapté au climat chaud et humide des Philippines. Mais de par la complexité de sa fabrication à l’époque, il est coûteux, et le barong qui en est issu n’est porté que lors d’occasions exceptionnelles, tel un mariage. Il est alors plus communément fabriqué industriellement en lin, coton, lin-coton ou coton-polyester.

Mais Carmen Hijosa trouve une parade. Elle passe sept années à développer son produit pendant son doctorat. Ainsi, ce qu’elle nommera le piñatex est présenté pour la première fois à son exposition de doctorat au prestigieux Royal College of Art à Londres alors qu’elle a 62 ans. L’œuvre convainc suffisamment jusqu’à décrocher le titre de «Matériel le plus innovant» lors du Prix de la Fondation des Arts du Royaume Uni en 2016.

Du coup, de grandes sociétés ont été séduites y compris la multinationale allemande Puma – spécialisée dans les chaussures et vêtements de sport ou encore Camper, qui lance quelques prototypes. Fort de ce succès, Carmen Hijosa monte sa propre entreprise – Ananas Anam, aux Philippines. Aujourd’hui, l’utilisation du piñatex devient de plus en plus variée entrant dans la fabrication de housses d’ordinateurs ou de voitures ou encore de divans.

Ce matériau respectueux de l’environnement se révèle intéressant également sur le plan financier : il coûte entre 15 à 40 euros le mètre carré, ce qui équivaut au prix moyen du cuir animal.

L’Allemagne innove avec les premières turbines au monde à combiner vent et eau

dans Permaculture par

 

Ces éoliennes ressemblent à de véritables châteaux d’eau fonctionnant grâce à l’énergie du vent (Crédit photo: GE)
Ces éoliennes ressemblent à de véritables châteaux d’eau, mais celles-ci fonctionnent grâce à l’énergie du vent (Crédit photo: GE)

L’énergie éolienne produit de l’électricité sans dégrader la qualité de l’air, sans polluer les eaux ou les sols, et est naturellement une alliée privilégiée dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais elle comporte un accroc majeur : c’est une énergie intermittente car dépendante de la météo. Ainsi, on ne peut compter sur elle pour définir une politique énergétique et environnementale. Mais deux entreprises allemandes ont trouvé une solution ingénieuse pour contourner ce hic : la coupler à l’énergie hydroélectrique. En résulte une vraie révolution dans le domaine de l’énergie renouvelable.

Le projet qui comporte quatre turbines est en construction dans la forêt de Souabe-Franconie en Allemagne. La topographie du lieu s’est avérée idéale pour accueillir les éoliennes – qui seront plus grandes que les traditionnelles, culminant à 246,5 mètres. La centrale hydroélectrique sera capable de produire 16 mégawatts d’électricité, tandis que le parc éolien en produira 13,6. Ce projet pilote sera connecté à la grille d’ici la fin de cette année alors que l’usine hydroélectrique sera elle opérationnelle d’ici fin 2018. Il est piloté par deux firmes allemandes: Max Bögl Wind AG et GE Renewable Energy.

Ainsi, quand le temps sera venteux, le vent générera de l’électricité, seul comme un grand grâce aux éoliennes qui seront placées sur une colline. Mais quand il ne soufflera pas assez fort, de l’eau coulera en descente pour générer de l’énergie hydroélectrique, à l’instar de la fonction d’une batterie. Cette eau provient de réservoirs installés sous chaque turbine qui stockeront plus de 34 millions de litres d’eau. Quand l’eau n’est pas utilisée par le rotor, elle sera collectée dans un lac artificiel se trouvant dans une vallée 183 mètres plus bas grâce à un canal connectant les quatre éoliennes. L’utilisation de ces deux sources d’énergie en parallèle garantira une production d’électricité permanente dans l’usine.

Généralement, les parcs éoliens ne conservent pas l’excès d’énergie car le stockage est trop coûteux pour être viable. L’excédent récolté va directement à la grille entraînant une chute des prix. Dans ces
cas-là, les entreprises préfèrent alors éteindre leurs turbines. On se rappelle qu’en mai 2016, les prix de l’électricité avaient dégringolé jusqu’à – €130 le mégawatheure en bourse. Ce qui équivalait ni plus ni moins au fait que les entreprises d’énergie en Allemagne avaient en quelque sorte dû payer leurs clients commerciaux et industriels pour consommer de l’électricité pendant plusieurs heures. Cela résultait du fait que l’énergie provenant de sources renouvelables étaient en surplus, pourvoyant 87 % des besoins du pays – alors qu’en temps normal elles n’en fournissent pas plus de la moitié. Le projet actuel pallie de tels revers en créant un moyen abordable de stocker tout excès d’énergie.

L’utilisation de ces deux sources d’énergie en parallèle garantira une production d’électricité permanente dans l’usine.

Vu que toutes les formes d’énergies renouvelables ont idéalement besoin d’une sorte de source d’énergie d’appoint pour assurer leur fiabilité, ce modèle qui est le premier de son genre, devrait vite être répliqué. Ainsi, il ouvrirait la voie à d’autres alliances éoliennes-hydroélectriques, voire à des combinaisons différentes, mais toujours sans le recours aux énergies fossiles. L’entreprise Max Bögl elle-même envisage de le calquer car elle est d’avis que de nombreux autres sites dans le monde entier sont exploitables car cette technologie peut utiliser de l’eau salée tout autant que de l’eau douce.

Ce projet est de bon augure pour l’Allemagne qui est en pleine transition énergétique : le pays ambitionne de générer au moins 45 % de son énergie à partir de sources renouvelables d’ici 2030, et à atteindre 100% d’ici 2050.

Afrique] Dix mille jardins pour réduire la faim

dans Permaculture par
Un des jardins calqué sur le modèle d’Edie Mukiibi dans une école du Burkina Faso

En 2007, les fermiers ougandais misaient tout sur une nouvelle variété résistante de maïs, abandonnant tout autre type de culture. Mais une sècheresse leur laissa un goût amer à la bouche puisqu’ils perdirent tout. Aujourd’hui, un jeune agronome veut réparer cette erreur à travers un projet de 10 000 jardins à travers l’Afrique. Alors que d’autres se contentent de rêver de réduire la faim dans le monde, lui, il travaille pour.

 

Eviter de mettre tous ses œufs dans un seul panier : un proverbe vieux comme le monde, mais trop souvent ignoré. En 2007, le jeune Edward Mukiibi qui venait juste de compléter ses études en agronomie à l’université de Kampala en Ouganda participe à un programme de promotion d’une nouvelle variété industrielle de maïs. Avec d’autres, il incite les petits fermiers ougandais à abandonner toutes les autres cultures et de se concentrer sur celle-là puisqu’elle était «résistante et productive». Mais une sècheresse cette même année démontre les limites de ce maïs. Les petits exploitants perdent tout.

Edward Mukiibi en tire deux leçons. La première : la monoculture était une mauvaise idée, et la deuxième : les variétés locales de fruits et légumes s’adaptent mieux  aux conditions météorologiques de la région que les variétés industrielles. S’impose alors un retour aux sources. Au lieu du seul maïs, la ferme typique ougandaise reprend ses droits côtoyant de nouveau les bananes, le manioc, des noix, des patates douces ou encore le café. Ces cultures variées avec des périodes de récoltes distinctes permettent de produire de la nourriture tout au long de l’année, améliorant ainsi l’approvisionnement local en nourriture, ce qui est impératif dans une population où ils sont 35 % à souffrir de malnutrition.

Plus besoin alors d’engrais ou de pesticides,
ce qui en fait un jardin totalement écologique.

Pour promouvoir cette diversité agricole traditionnelle, le jeune ingénieur agronome est la cheville ouvrière derrière un projet visant à créer 1 000 jardins en Afrique en 2011. Mieux adaptées aux conditions météorologiques et au sol, seules des variétés locales de fruits, légumes et céréales y trouvent grâce. Plus besoin alors d’engrais ou de pesticides, ce qui en fait un jardin totalement écologique. Le projet est accueilli par les groupes scolaires et les villageois qui reçoivent 900 euros couvrant l’achat du matériel et la formation. Au bout de deux ans, le but des 1 000 jardins est atteint sur le continent.

Edward Mukiibi, affectueusement appelé Edie, rêve alors de multiplier la portée de son projet par 10. Son initiative de 10 000 jardins pour l’Afrique lui apporte une renommée certaine qui attire l’attention de Slow Food, une association mondiale dont les membres provenant de 150 pays œuvrent pour une bonne alimentation et s’engagent envers leurs communautés et l’environnement. Cette dernière fait d’Edie son vice-président en 2014 alors qu’il est âgé de 29 ans. Rien qu’en Ouganda, il devrait y avoir plus de 230 jardins à la fin de cette année, estime-t-il. Autant d’espaces qui sont non seulement une importante source de nourriture fraîche pour les communautés qui en sont parties prenantes, mais qui les amènent aussi à s’interroger sur leur alimentation. «C’est très important de sensibiliser les plus jeunes sur ce thème. Dans nos jardins, nous ne faisons pas seulement pousser des légumes, mais aussi de futurs leaders!» s’extasiait-il lors d’un entretien accordé au Temps.

L'ingénieur agronome a commencé son projet de jardins en 2011
L’ingénieur agronome a commencé son projet de jardins en 2011

Outre son objectif de 10 000 jardins écologiques en Afrique, Edie mène un combat contre les OGM cette fois. Ces derniers qualifiés de «super-productifs» par les industriels serait la solution pour soulager la faim en Afrique grâce à son fort rendement. Ce qui exaspère l’agronome qui qualifie cette tactique de persuasion de «gospel de la production». «C’est faux de dire qu’il faut augmenter les rendements. On produit bien assez de nourriture, le problème vient de son inégale répartition. Le gaspillage alimentaire n’est pas une réalité que dans les pays développés, mais aussi en Afrique».

Ce qu’il préconise alors, c’est de développer des infrastructures qui améliorent l’approvisionnement sur le continent  grâce à un meilleur système de transport vers les marchés ainsi que la construction de moulins additionnels et d’autres équipements pour transformer les aliments.

Une monnaie locale à l’assaut de Paris l’année prochaine

dans Économie durable par
L'eusko, une des monnaies locales les plus florissantes de France (Crédit photo: ladepeche.fr)
L’eusko, une des monnaies locales les plus florissantes de France (Crédit photo: ladepeche.fr)

Avec quoi les Parisiens paieront-ils leurs courses en 2017? Possiblement avec des «Seines». L’appellation n’est pas encore définie, mais l’idée, si. La Mairie de Paris travaillerait très sérieusement sur un projet de monnaie locale à en croire les propos d’Antoinette Guhl, adjointe à la mairie de Paris. Si elle aboutit, cette devise devrait voir le jour dans moins d’un an, et côtoiera l’euro dans les portefeuilles des Parisiens. Une étude d’impact est actuellement en cours, et la marche à suivre se fera à la lumière des constats.

Quid de sa fonction, sa fiscalité ou encore des mesures d’accompagnement ? Celles-ci restent à déterminer, ajoute l’adjointe qui est aussi chargée de l’économie sociale et solidaire. «Elle pourrait servir à payer les cantines, les services de la ville par exemple. Rien n’est encore fixé mais la réflexion est ouverte,» peut-on lire dans Le Figaro.

Le principe d’une devise locale lui ne change pas, comme l’explique l’Institut pour l’Education Financière du Public. Le rendu de la monnaie s’effectue avec des pièces en euros. Toutes les monnaies locales sont adossées à la monnaie nationale, avec une unité de monnaie locale valant un euro (pour éviter des conversions qui donnent la migraine). La monnaie locale est mise en place par une association qui la gère avec l’aide d’un établissement financier. L’association fait adhérer des entreprises et des commerçants qui peuvent rejoindre son système. Ces derniers doivent alors souscrire à une charte éthique qui inclut des notions de respect de l’environnement et des conditions de travail essentiellement.

Pour porter ce projet à Paris, l’équipe constituée est présidée par Lucas Rochette-Berlon, fondateur du projet en janvier 2016. Ce dernier qui est décrit comme un militant écologiste et un démocrate veut «comprendre et changer le monde et cherche à créer les moyens de reprendre en main économie, démocratie et justice sociale grâce à la monnaie locale dont il a fait l’expérience en Provence», peut-on lire sur le manifeste pour les monnaies locales complémentaires intitulé « Une monnaie pour Paris ».

Un calendrier détaillé des événements passés et à venir peut aussi y être consulté. Ce mois de Septembre sera dédié à des campagnes sur les réseaux sociaux, des réunions publiques et la recherche de financements. Octobre s’annonce encore plus chargé avec des rencontres publiques pour concevoir la monnaie, son fonctionnement économique, son identité visuelle ajoutée à une consultation publique pour le choix du nom prévue en novembre. Les démarches pour créer la structure porteuse de la monnaie et la préparation de l’impression des billets se tiendra en décembre avec la mise en circulation de la monnaie estimée pour «début 2017».

Ces monnaies locales se veulent une riposte aux crises financières. […] Elles permettent de ralentir l’hémorragie financière, de renforcer la résilience et dynamiser l’économie locale indépendamment du contexte économique extérieur…

Pour certains observateurs, c’est un gaspillage de ressources et il y a plus urgent que cette lubie. «40 monnaies différentes dans notre pays, ça rime à quoi? », proteste un internaute. «Un Monopoly local aux frais du contribuable», ou encore «qui finance cette joyeuse troupe?» commentent d’autres… Mais certains chantent déjà les louanges de ce système, avec exemples à l’appui.

Ces monnaies locales se veulent une riposte aux crises financières. Particulièrement en vogue depuis la crise de 2008 chez les militants écologiques, elles permettent de ralentir l’hémorragie financière, de renforcer la résilience et dynamiser l’économie locale indépendamment du contexte économique extérieur, de se réapproprier le pouvoir d’agir, et de contribuer à l’éducation populaire entre autres.

Qu’elle soit appelée monnaie locale, complémentaire, citoyenne ou encore parallèle, il en existe plus de 2 500 aujourd’hui à travers le monde, avec une montée en flèche observée ces vingt dernières années. L’un des plus reconnus est le LETS (Local Exchange Trading System), un réseau d’échange soutenu par sa propre monnaie interne. Ce système qui a pour origine la ville de Vancouver au Canada y a fait une trentaine d’émules et plus de 400 au Royaume-Uni. L’Australie, la France, la Nouvelle-Zélande et la Suisse disposent de systèmes semblables.

Un exemple notable est la livre de Lewes, utilisée à Lewes, capitale de l’East Sussex, près de Brighton. Utilisée par les 16,000 habitants de cette ville du sud de l’Angleterre, elle s’offre même le luxe d’y détrôner son illustre frangine, la livre sterling nationale. Plus de soixante-dix sociétés et magasins acceptent cette forme de paiement.

Quant à la WIR suisse, vieille de 82 ans, elle ne se limite pas à une ville mais circule sur la totalité du territoire helvétique. Ayant contribué à la relance de l’économie du pays de 1934 à 1936, elle a su gagner la confiance des Suisses où plus de 60,000 petites et moyennes entreprises en particulier y sont toujours fidèles.

Un poissonnier du Pays-Basque se faisant payer en Eusko, la monnaie locale (Crédit photo : Laurence Fleury)
Un poissonnier du Pays-Basque se faisant payer en Eusko, la monnaie locale (Crédit photo : Laurence Fleury)

En France, une trentaine de monnaies complémentaires existent déjà, la première étant l’Abeille qui fut lancée en 2010 à Villeneuve-sur-Lot. Les plus performantes sont toutefois l’Eusko au Pays Basque, la Sol-Violette dans le Bassin toulousain, et la Gonette dans la métropole de Lyon avec respectivement 2700, 1850 et 1800 utilisateurs. Quant au sort de l’éventuelle devise parisienne, les paris sont ouverts…

Leng Ouch: une poigne de fer contre le trafic de bois

dans Économie durable par
Mr. Leng Ouch

Au mépris de sa vie, il a entrepris de lutter sans relâche contre le pillage des forêts de son enfance. Ce qui lui a valu d’être le récipiendaire des prestigieux Prix Goldman pour l’environnement pour la région Asie en avril dernier. Mais le trafic reprend, et le Zorro des bois du Cambodge doit reprendre du service illico. Poursuivre…

Un petit village blindé contre la sécheresse en Ethiopie

dans Agriculture par

L’Ethiopie est aux prises avec la pire sécheresse quelle ait connue en 50 ans

Grace à la mise en place d’une agriculture intelligente et résistante face au manque d’eau, un village du nord de l’Ethiopie est  désormais cité en exemple, par les experts mondiaux, en méthode d’exploitation agricole. Poursuivre…

Tchernobyl : un nouveau souffle après la calamité ?

dans Energie renouvelable par

Papier 05

Plus qu’une opportunité commerciale,  cette démarche si elle aboutit, sera surtout symbolique pour la planète, avec le temple du nucléaire cédant la place au solaire. Des milliers d’hectares sont inhabitables suite à l’explosion de la tristement célèbre centrale de Tchernobyl en 1986. Le gouvernement ukrainien souhaite maintenant y construire un immense parc solaire. Comme pour se racheter une conduite. Poursuivre…

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