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Ouganda

Afrique] Dix mille jardins pour réduire la faim

dans Permaculture par
Un des jardins calqué sur le modèle d’Edie Mukiibi dans une école du Burkina Faso

En 2007, les fermiers ougandais misaient tout sur une nouvelle variété résistante de maïs, abandonnant tout autre type de culture. Mais une sècheresse leur laissa un goût amer à la bouche puisqu’ils perdirent tout. Aujourd’hui, un jeune agronome veut réparer cette erreur à travers un projet de 10 000 jardins à travers l’Afrique. Alors que d’autres se contentent de rêver de réduire la faim dans le monde, lui, il travaille pour.

 

Eviter de mettre tous ses œufs dans un seul panier : un proverbe vieux comme le monde, mais trop souvent ignoré. En 2007, le jeune Edward Mukiibi qui venait juste de compléter ses études en agronomie à l’université de Kampala en Ouganda participe à un programme de promotion d’une nouvelle variété industrielle de maïs. Avec d’autres, il incite les petits fermiers ougandais à abandonner toutes les autres cultures et de se concentrer sur celle-là puisqu’elle était «résistante et productive». Mais une sècheresse cette même année démontre les limites de ce maïs. Les petits exploitants perdent tout.

Edward Mukiibi en tire deux leçons. La première : la monoculture était une mauvaise idée, et la deuxième : les variétés locales de fruits et légumes s’adaptent mieux  aux conditions météorologiques de la région que les variétés industrielles. S’impose alors un retour aux sources. Au lieu du seul maïs, la ferme typique ougandaise reprend ses droits côtoyant de nouveau les bananes, le manioc, des noix, des patates douces ou encore le café. Ces cultures variées avec des périodes de récoltes distinctes permettent de produire de la nourriture tout au long de l’année, améliorant ainsi l’approvisionnement local en nourriture, ce qui est impératif dans une population où ils sont 35 % à souffrir de malnutrition.

Plus besoin alors d’engrais ou de pesticides,
ce qui en fait un jardin totalement écologique.

Pour promouvoir cette diversité agricole traditionnelle, le jeune ingénieur agronome est la cheville ouvrière derrière un projet visant à créer 1 000 jardins en Afrique en 2011. Mieux adaptées aux conditions météorologiques et au sol, seules des variétés locales de fruits, légumes et céréales y trouvent grâce. Plus besoin alors d’engrais ou de pesticides, ce qui en fait un jardin totalement écologique. Le projet est accueilli par les groupes scolaires et les villageois qui reçoivent 900 euros couvrant l’achat du matériel et la formation. Au bout de deux ans, le but des 1 000 jardins est atteint sur le continent.

Edward Mukiibi, affectueusement appelé Edie, rêve alors de multiplier la portée de son projet par 10. Son initiative de 10 000 jardins pour l’Afrique lui apporte une renommée certaine qui attire l’attention de Slow Food, une association mondiale dont les membres provenant de 150 pays œuvrent pour une bonne alimentation et s’engagent envers leurs communautés et l’environnement. Cette dernière fait d’Edie son vice-président en 2014 alors qu’il est âgé de 29 ans. Rien qu’en Ouganda, il devrait y avoir plus de 230 jardins à la fin de cette année, estime-t-il. Autant d’espaces qui sont non seulement une importante source de nourriture fraîche pour les communautés qui en sont parties prenantes, mais qui les amènent aussi à s’interroger sur leur alimentation. «C’est très important de sensibiliser les plus jeunes sur ce thème. Dans nos jardins, nous ne faisons pas seulement pousser des légumes, mais aussi de futurs leaders!» s’extasiait-il lors d’un entretien accordé au Temps.

L'ingénieur agronome a commencé son projet de jardins en 2011
L’ingénieur agronome a commencé son projet de jardins en 2011

Outre son objectif de 10 000 jardins écologiques en Afrique, Edie mène un combat contre les OGM cette fois. Ces derniers qualifiés de «super-productifs» par les industriels serait la solution pour soulager la faim en Afrique grâce à son fort rendement. Ce qui exaspère l’agronome qui qualifie cette tactique de persuasion de «gospel de la production». «C’est faux de dire qu’il faut augmenter les rendements. On produit bien assez de nourriture, le problème vient de son inégale répartition. Le gaspillage alimentaire n’est pas une réalité que dans les pays développés, mais aussi en Afrique».

Ce qu’il préconise alors, c’est de développer des infrastructures qui améliorent l’approvisionnement sur le continent  grâce à un meilleur système de transport vers les marchés ainsi que la construction de moulins additionnels et d’autres équipements pour transformer les aliments.

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