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Monnaie locale

Une monnaie locale à l’assaut de Paris l’année prochaine

dans Économie durable par
L'eusko, une des monnaies locales les plus florissantes de France (Crédit photo: ladepeche.fr)
L’eusko, une des monnaies locales les plus florissantes de France (Crédit photo: ladepeche.fr)

Avec quoi les Parisiens paieront-ils leurs courses en 2017? Possiblement avec des «Seines». L’appellation n’est pas encore définie, mais l’idée, si. La Mairie de Paris travaillerait très sérieusement sur un projet de monnaie locale à en croire les propos d’Antoinette Guhl, adjointe à la mairie de Paris. Si elle aboutit, cette devise devrait voir le jour dans moins d’un an, et côtoiera l’euro dans les portefeuilles des Parisiens. Une étude d’impact est actuellement en cours, et la marche à suivre se fera à la lumière des constats.

Quid de sa fonction, sa fiscalité ou encore des mesures d’accompagnement ? Celles-ci restent à déterminer, ajoute l’adjointe qui est aussi chargée de l’économie sociale et solidaire. «Elle pourrait servir à payer les cantines, les services de la ville par exemple. Rien n’est encore fixé mais la réflexion est ouverte,» peut-on lire dans Le Figaro.

Le principe d’une devise locale lui ne change pas, comme l’explique l’Institut pour l’Education Financière du Public. Le rendu de la monnaie s’effectue avec des pièces en euros. Toutes les monnaies locales sont adossées à la monnaie nationale, avec une unité de monnaie locale valant un euro (pour éviter des conversions qui donnent la migraine). La monnaie locale est mise en place par une association qui la gère avec l’aide d’un établissement financier. L’association fait adhérer des entreprises et des commerçants qui peuvent rejoindre son système. Ces derniers doivent alors souscrire à une charte éthique qui inclut des notions de respect de l’environnement et des conditions de travail essentiellement.

Pour porter ce projet à Paris, l’équipe constituée est présidée par Lucas Rochette-Berlon, fondateur du projet en janvier 2016. Ce dernier qui est décrit comme un militant écologiste et un démocrate veut «comprendre et changer le monde et cherche à créer les moyens de reprendre en main économie, démocratie et justice sociale grâce à la monnaie locale dont il a fait l’expérience en Provence», peut-on lire sur le manifeste pour les monnaies locales complémentaires intitulé « Une monnaie pour Paris ».

Un calendrier détaillé des événements passés et à venir peut aussi y être consulté. Ce mois de Septembre sera dédié à des campagnes sur les réseaux sociaux, des réunions publiques et la recherche de financements. Octobre s’annonce encore plus chargé avec des rencontres publiques pour concevoir la monnaie, son fonctionnement économique, son identité visuelle ajoutée à une consultation publique pour le choix du nom prévue en novembre. Les démarches pour créer la structure porteuse de la monnaie et la préparation de l’impression des billets se tiendra en décembre avec la mise en circulation de la monnaie estimée pour «début 2017».

Ces monnaies locales se veulent une riposte aux crises financières. […] Elles permettent de ralentir l’hémorragie financière, de renforcer la résilience et dynamiser l’économie locale indépendamment du contexte économique extérieur…

Pour certains observateurs, c’est un gaspillage de ressources et il y a plus urgent que cette lubie. «40 monnaies différentes dans notre pays, ça rime à quoi? », proteste un internaute. «Un Monopoly local aux frais du contribuable», ou encore «qui finance cette joyeuse troupe?» commentent d’autres… Mais certains chantent déjà les louanges de ce système, avec exemples à l’appui.

Ces monnaies locales se veulent une riposte aux crises financières. Particulièrement en vogue depuis la crise de 2008 chez les militants écologiques, elles permettent de ralentir l’hémorragie financière, de renforcer la résilience et dynamiser l’économie locale indépendamment du contexte économique extérieur, de se réapproprier le pouvoir d’agir, et de contribuer à l’éducation populaire entre autres.

Qu’elle soit appelée monnaie locale, complémentaire, citoyenne ou encore parallèle, il en existe plus de 2 500 aujourd’hui à travers le monde, avec une montée en flèche observée ces vingt dernières années. L’un des plus reconnus est le LETS (Local Exchange Trading System), un réseau d’échange soutenu par sa propre monnaie interne. Ce système qui a pour origine la ville de Vancouver au Canada y a fait une trentaine d’émules et plus de 400 au Royaume-Uni. L’Australie, la France, la Nouvelle-Zélande et la Suisse disposent de systèmes semblables.

Un exemple notable est la livre de Lewes, utilisée à Lewes, capitale de l’East Sussex, près de Brighton. Utilisée par les 16,000 habitants de cette ville du sud de l’Angleterre, elle s’offre même le luxe d’y détrôner son illustre frangine, la livre sterling nationale. Plus de soixante-dix sociétés et magasins acceptent cette forme de paiement.

Quant à la WIR suisse, vieille de 82 ans, elle ne se limite pas à une ville mais circule sur la totalité du territoire helvétique. Ayant contribué à la relance de l’économie du pays de 1934 à 1936, elle a su gagner la confiance des Suisses où plus de 60,000 petites et moyennes entreprises en particulier y sont toujours fidèles.

Un poissonnier du Pays-Basque se faisant payer en Eusko, la monnaie locale (Crédit photo : Laurence Fleury)
Un poissonnier du Pays-Basque se faisant payer en Eusko, la monnaie locale (Crédit photo : Laurence Fleury)

En France, une trentaine de monnaies complémentaires existent déjà, la première étant l’Abeille qui fut lancée en 2010 à Villeneuve-sur-Lot. Les plus performantes sont toutefois l’Eusko au Pays Basque, la Sol-Violette dans le Bassin toulousain, et la Gonette dans la métropole de Lyon avec respectivement 2700, 1850 et 1800 utilisateurs. Quant au sort de l’éventuelle devise parisienne, les paris sont ouverts…

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